Un regard
Elle était posée là,
assise sur un tapis d’herbe
verte,
dans sa belle jupe bleue
turquoise,
une fleur rose dans ses
cheveux longs,
un instrument de musique
pendu
au bout de sa main gauche,
le regard dispersé vers
un monde d’ailleurs.
C’était encore une enfant,
seule, lascive, abandonnée à
elle-même
et pourtant, tellement
présente !
Plus que sa présence
matérielle,
c’était son regard qui
retenait
toute mon attention.
Il semblait m’inviter à
m’échapper de ce monde
pour un monde encore inconnu
de moi,
que les prunelles vertes de
ses yeux, me désignaient.
Un ailleurs, un monde
invisible,
un monde dont elle seule
semblait détenir le secret.
Monde céleste des anges, qui
peuplent, dit-on,
les rêves nocturnes des
petits enfants ?
Entrelacement des nuages qui
font et défont perpétuellement,
des univers mouvants ?
Vie colorée des fonds
sous-marins
où s’entremêlent et
s’entrecroisent
poissons et herbes de toutes
espèces ?
Firmament peuplé
d’infinitude, de voie lactée, d’étoiles scintillantes,
de planètes, de galaxies,
d’étoiles filantes ?
Entre deux consultations,
le regard de cette jeune
fille
qui avait pris place dans un
tableau fixé au mur,
offert par un de mes patients,
tissait des rêves autour de
moi.
Bernard DOULET, janvier 2000