La mer

La mer pareille au ciel

S’étirait uniforme ;

Rêvant à mon amour perdu,

Je voyais s’éloigner,

Sautillants et légers,

Deux corps jeunes et beaux

 

Le ciel à l’horizon

Unissait sa couleur

A la couleur des flots ;

Déjà leurs silhouettes

N’étaient plus que soupçon.

 

J’étais seul et sans matière,

Ecrasé au pied de la falaise blanche,

Et la mer et le ciel, les voiliers, les mouettes

Existaient seulement

Pour deux êtres lointains, imperceptibles.

 

Alors, les yeux clos, des heures durant,

J’ai écouté battre une vague

Dans l’intimité douloureuse

De mon cœur blessé.

 

B. Doulet, juillet 1967, St Valéry en caux